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Cyclo-camping dans les Alpes françaises
Cette page décrit succinctement mes vacances de l'été 2008, qui sont un peu particulières - les premières prises seul depuis bien longtemps - et en cyclo-camping.


Un peu avant la mi-juillet, le trike et le Python ont été chargés dans la bonne vieille R19, et en route vers Buis-les-Baronnies où nous nous sommes donnés rendez-vous, Mireille, Daniel, Serge et moi, pour reconnaître des parcours à vélo, en vue du rassemblement de v élos couchés, fin août.


Arrivé à Buis, je laisse ma R19 chez Serge et Christine, et charge le trike pour partir à Sault. Tente, couchage, vêtements, popote et un peu de nourriture. C'est parti !

En haut du col de Fontaube, petite halte pour essayer mes crayons tous neufs. Pas terrible...

Mais je prends conscience que finalement, ce qui importe, ce n'est pas le résultat obtenu, mais le moment passé, l'attention qu'il a fallu consacrer pour arriver à ce résultat.

Col des Aires, descente sur Montbrun, où je fais des courses avant la fermeture des magasins d'alimentation. Montée ensuite vers Aurel, dans ces paysages que j'ai découverts et tant appréciés l'an passé. Arrivée le soir après 20 heures à Sault. Installation au camping municipal.

Le lendemain commencent les reconnaissances des parcours prévus pour le Grand Rassemblement de vélos couchés de fin août à Sault.

Montagne de Lure, virées sur le Plateau d'Albion, quelques jours sympa de partage avec les copains: Mireille, Serge et Daniel...

Nous avons débordé sur la semaine d'Allègre...

Tant pis, nous arriverons en retard. Mireille ne veut pas venir. Daniel part avec son fourgon aménagé et emmène mon matériel "lourd" (une tente digne de ce nom et une paire de godasses).

Lundi soir, Serge me ramène à Buis avec sa fourgonnette. Ça me fait gagner quelques km, et trois bonnes heures de route. Je pars vers 20h30 pour Allègre.


Déshabillage avant de remonter en face sur St Paulien, et arrivée à Allègre juste avant le départ des balades (pour moi, première balade en trike "à vide").

Je n'ai pas mis beaucoup de temps pour venir à Allègre, je suis assez fier de mon effet....

... mais je ne recommencerai pas. Ce n'est pas ainsi que j'avais prévu ma flânerie... Pas ou peu de photos, pas vraiment pris le temps de m'arrêter, à part pour discuter avec un ancien dans un village où je cassais la croûte, en bas de la Vallée de l'Eyrieux, et qui, gentiment, est venu m'apporter de l'eau...

Je fais la connaissance de Julius et Barbara. Julius est en train de reconstituer un tandem couché dos à dos extrait de sa camionnette. Il l'ont utilisé pour faire le Paris-Brest-Paris, l'an passé.

Julius me propose la place arrière occupée d'habitude par Barbara. Comment refuser cette expérience?



A la nuit tombante, halte au camping avant le défilé de Trente Pas. Le lendemain, je roule toute la journée pour ne pas arriver trop tard à Allègre : Col de la Sausse, Bourdeaux, Saou, Crest, la vallée de l'Heyrieux, St Agrève, le plateau ardéchois, succession de valonnements qui me rendent Le Puy inaccessible le soir même.

Je m'arrêterai épuisé à Boussoulet, juste avant la grande descente sur le Puy. Planter la tente, faire chauffer un litre de soupe, avaler une tranche de pain et un peu de fromage, et au "lit" !

Le lendemain, réveil de très bonne heure dans une ambiance humide et froide. Je mets tout ce que je peux comme affaires chaudes sur moi, et je descends au Puy.


Grosses frayeurs au début, mais on finit par se faire à rouler à près de 80 km/h en marche arrière dans les descentes... L'essentiel est la confiance qu'on accorde (ou pas!) au pilote...

C'est parti pour une balade de 120 km, avec presque 2000m de D+
Le tandem dos à dos, c'est vraiment une enclume dans les cotes il faut faire le bourrin.
Par contre, ça roule à 60 sur le plat, et on s'est fait une petite pointe à plus de 80 dans une descente.
Derrière, ça tient du vélo (un peu), mais surtout de la montagne russe. On finit par s'habituer à voir défiler le paysage dans  l'autre sens.

Une dernière balade au Pont du Diable, auquel on accède par une route avec une incroyable descente à 20% (et autant à la remontée ! ).

Mais le soir, au retour de la balade, les participants au regroupement commencent à quitter peu à peu le camping d'Allègre. Il est temps de rejoindre ma destination suivante : Roquebrune-sur-Argens.

Première étape: Allègre Crest (190 km) en passsant par le Gerbier de Joncs. Mon copain Pesca l'Ardéchois m'a conseillé cet itinéraire.

Superbes paysages, mais j'ai écourté un peu ma promenade autour du Mezenc, car il faisait de l'orage, et je commençais un peu à me cailler (1400m d'altitude, quand même !)

Un peu long, comme étape. Pas le temps de faire grand'chose le soir. La lessive, par exemple, est une des principales préoccupations du cyclo-campeur : comme on n'a pas une garde-robe très fournie, il faut veiller à toujours avoir une tenue propre pour faire du vélo...

Seconde étape: Crest - Cereste, avec le passage du col de Murs. Très joli, le col de Murs, mais on n'en voit pas le bout...

Heureusement, ce jour-là, le Mistral est avec moi et me permet de rouler à 40 km/h sur le plat, pratiquement sans toucher les pédales.

Par la suite, je l'aurai légèrement de côté, et apprécierai particulièrement la stabilité du trike par vent latéral...

A partir d'Apt, je suis une véloroute qui mène à Forcalquier. Les premiers kilomètres sont un peu difficiles, car le revêtement est très mauvais, mais un peu plus loin, un vrai billard!

Brusquement, la véloroute bifurque et grimpe droit dans la montagne...

Je l'emprunte malgré tout, monte un bon kilomètre, pour arriver sur une sympathique route, en balcon. Il est tard, et par chance, je passe devant un camping à la ferme.



Ce trajet est le premier vraiment à mon rythme, sans échéance, sans contrainte d'horaire ou d'étape, et j'apprécie l'intense sensation de liberté qu'il procure...

Curieusement, je m'aperçois que depuis mon départ de Buis, je n'ai pas vraiment eu envie de faire des photos, comme si ce voyage n'avait d'importance que pour moi, comme s'il suffisait de n'en garder comme souvenirs que les sensations qu'il me procure...

Quelques jours à Roquebrune, entrecoupés par un très agréable week end touristique en Ardèche (aller-retour en train), et je repars vers Arvieux, où m'attendent Bruno et Nicole. Départ de Roquebrune donc, un après midi vers 16 heures.

La chaleur est encore éprouvante, et c'est donc assez lentement que je passe le premier col, en direction de Bagnols-en Forêt.

Vient ensuite la montée sur Mons (très joli, Mons). Un petit tour en ville pour trouver une fontaine et "refaire" mes trois litres d'eau, et c'est reparti en direction de Castellane.




A peine arrivé et installé, deux jeunes flamandes viennent me voir, intriguées par mon équipage...

Elles sont venues avec d'autres cyclo-campeurs dans un car hollandais, qui les a déposées à Valence et qui les reprendra à Nice une quinzaine de jours plus tard...

Elles n'ont aucune expérience du cyclo-camping, les années précédentes elles faisaient de la randonnée à pied en montagne, et cette année elles ont tenté le vélo...

Echanges d'expériences et de chocolat, d'anecdotes et de café. Le lendemain matin, elles seront tout juste levées quand je passerai avec mon trike chargé, prêt à partir, devant leur tente...

Bruno B. m'avait téléphoné quelques jours auparavant pour me signaler qu'il camperait à Moustiers-Sainte-Marie. Mon trajet vers la Méditerranée passera donc par là...

Forcalquier, Oraison, remontée de la vallée de l'Asse jusqu'à Bras d'Asse. Pas un bled, une vallée presque déserte. On se croirait dans un film de Sergio Leone. C'est avec plaisir que j'attaque la montée vers Puimoisson.

Bruno m'attendait au camping à Moustiers en début d'après midi. J'arrive pile pour le café (que je fournis in extremis grâce à ma petite cafetière italienne, juste avant qu'il ne sorte un Nes'...  (Pouah !!!)


Seranon. Il est 22 heures, peut être est-ce temps de s'arrêter ? J'avais prévu d'aller jusqu'à Castellane, mais je n'ai pu vraiment rouler qu'à partir de 20 heures, la chaleur ayant diminué avec l'altitude et le soir tombant. En fait je suis un peu fatigué, je n'ai pas envie de voyager de nuit et passer à côté des paysages magnifiques de ce parcours.Le lendemain, je pars assez tôt, et je fais la descente sur Castellane. L'arrivée dans Castellane est assez pittoresque, par La Garde. Le col de Cheiron (+200m), et le lac de barrage de Castillon-Demandoix, que je longe du côté est.

St Julien du Verdon, St André les Alpes, la remontée de la haute vallée du Verdon. Tranquille jusqu'à Colmars, puis débutent les choses sérieuses après Allos.

Vendredi matin, départ assez tôt, pour grimper le col de Vars à la fraîche.

Sur les bornes kilométriques sont indiquées les pentes : 9%,  10%... de moyenne, ce qui donne des "coups de cul" suffisamment conséquents pour m'obliger à mettre tout à gauche (24-32 pour les puristes).
Ça monte tranquille. J'ai mis le walk-man pour la montée, en mode aléatoire: un coup Moriarty, un coup Janis, Cesaria Evora, et soudainement, le Stabat Mater de Pergolese. Ces deux voix très
pures de mezzo et de soprano qui s'entremêlent, accompagnées par cette musique géniale, subliment le paysage, la majesté de la montagne, le ciel tout bleu.

La descente sur Guillestre se fait tranquillement, je me fais doubler par un cycliste (il a de la chance que je sois chargé, çui-là, sinon il aurait vu comment ça descend, un trike...)

Nicole m'appelle: "On t'attend pour manger, il ne te reste que 12 km". Tiens ? c'est drôle, je l'ai déjà fait, ce trajet, à vélo, il me semblait qu'il y en avait davantage...
17 km après, je suis toujours dans les gorges du Guil, et j'arrive à 

l'embranchement de la route de l'Isoard, là où ça commence à monter vraiment. Je m'arrête pour casser la croûte, sinon, je ne pourrai pas monter les 6 derniers km.

La dernière ligne droite entre Arvieux et La Chalp, (celle dans laquelle, la première fois qu'on la prend, on se demande si on n'est pas dégonflé ou s'il n'y a pas un frein qui frotte tellement on n'avance pas), se fera en utilisant le 24-32...

Balades en montagne, profusion de marmottes, trois jours de détente avec mes amis les plus chers...

Un rendez-vous à l'hôpital (scanner d'un poignet cassé fin mai) me contraint à reprendre la R19 pour faire un aller-retour à Besançon .

Départ pour Buis. Bill et Bruno m'accompagnent en VTT jusqu'à Guillestre.

Les gorges du Guil, toujours aussi impressionnantes, me rappellent de grosses frayeurs en canoë, il y a quelques années en arrière...

A Saint Clément, la petite route rive gauche en corniche, mène directement à Embrun..

Col de Lebrault, descente sur Espinasse, et étape un peu après Tallard.

Le trajet, en restant sur la rive gauche de la durance, évite la nationale et m'amène à Laragne-Montéglin.

Après Laragne, les gorges de la Méouge, une sympathique rivière avec des vasques d'eau claire et à bonne température, où on a envie de faire trempette à chaque km...

Pas pour moi. Il faudrait laisser le trike et tout son précieux chargement là-haut, sur la route en corniche, hors de vue.

La Méouge devient un tout petit ruisseau, puis on passe une sorte de petit col. De l'autre côté, un autre ruisseau, l'Ouvèze, me conduit jusqu'à Buis les Baronnies. Juste avant Buis, une plage de galets, un barrage rudimentaire en pierres, une vasque où enfin je peux me rafraîchir avant d'aller retrouver Serge...

La suite est anecdotique : un voyage en voiture pour rien jusqu'à Besançon, où le scanner est tombé en panne, et où une interne revêche me déclare guéri...

C'est déjà ça !

Retour à Buis. Dimanche matin, Serge et moi, on décide d'aller se faire un petit Ventoux en passant par Bedouin. Métabike pour Serge, Agenda pour moi: j'ai passé la journée à le régler comme il faut pour l'adapter à ma taille.

Temps idéal, montée par Bedoin assez rapide et descente par Malaucène (90.5 km/h au compteur de Serge).

Après une petite demi-heure de descente, un super emplacement de pique-nique au soleil!
J'y reste une bonne heure, le temps de casser la croute et de faire sécher la tente.
Lescheraines, Sévrier et la piste cyclable. Arrêt à Doussard, chez M5-France; Jean Pierre me fait essayer son 2x26 guidon bas que je trouve très confortable...

Faverges, (vue du Mt Blanc, j'en profite, car la météo annoncée n'est pas fameuse) col du Marais, Thônes, puis montée sur le Grand Bornand où je m'arrête pour la nuit.

Pluie à 20h30. Pluie toute la nuit.
Par chance, il arrête de pleuvoir, le temps que je prenne mon petit dej' et que je remballe mes affaires. Et rebelote !
Légère accalmie dans la montée de la Colombière, mais à 3 km du sommet, ce coup- là, des trombes ! Et bien content de ne pas trouver la neige, qui doit tomber deux ou trois cents mètres plus haut....
La descente : l'enfer ! froid aux mains, froid partout, les freins qui ne font plus que ralentir (les plaquettes ont rendu l'âme avec la flotte sur les disques). A ce stade, plus qu'une solution: rouler pour ne pas avoir froid. C'est ce que je fais, pendant 6 heures, en prenant juste 5 minutes, au cours d'une montée, quand je suis bien chaud, pour prendre en guise de repas un oeuf dur ou un fruit.


Mais ça fait un moment déjà que je n'ai pas pris la route... L'après midi, je pars. Comme d'habitude, par le Col d'Ey, Sainte Jalle; mais cette fois je remonte la vallée de l'Eygues jusqu'à Remuzat. Nuit au petit camping municipal, très sympa.

Le lendemain, montée du col de Prémol, redescente sur la vallée de la Drôme, petit détour pour aller voir le saut de la Drôme : très impressionnant, une partie de la montagne qui a dégringolé au XIVe siècle, des cailloux gros comme des immeubles qui ont barré la vallée... un gros chaos. Le temps est devenu gris, je ne prends pas de photo, ça ne rendrait pas bien...

Orage à Die. Par chance j'arrive à temps pour m'abriter dans un supermarché.

Un abri pour caddies (vide de caddies) me permet de casser la croûte au sec. Je me fais même un petit café (la cafetière, quelle bonne idée !)..

Enfin la pluie cesse et je repars sur le col de Rousset

A quelques km de Die, plein de vautours fauves dans le ciel (quand je dis plein, c'est 20, ou 30). Réintroduits en 1996, disent les panneaux d'information plantés au bord de la route.

Dans le col, un cyclo me rattrape: chargé léger, mais quand même.. 72 ans, une pêche d'enfer, il habite Entrechaux et il va dans le Jura en 3 étapes. Manque de pot, il casse le moyeu (un rayon qui arrache le flasque). On répare tant bien que mal, la roue est « en huit », j'évite de rester derrière, ça me file le mal de mer...
Je l'accompagne jusqu'à Vassieux, où il a réservé une place dans un gîte d'étape ("la carte bleue, c'est moins lourd qu'une tente").

Le ciel est menaçant. On annonce du très mauvais temps. J'hésite à aller au camping, et je me laisse tenter par le gîte.

Je ne regretterai pas : dans la nuit il pleut des trombes. Le soir, coquelet et gratin dauphinois (mi lait, mi crème), 31 euros pour le repas du soir, la nuitée et le petit déjeuner (copieux). Rien à dire. Très bien.
Le lendemain, on descend jusqu'à La Chapelle en Vercors, on boit un coup avant de se séparer. Lui (Jean) descend sur St Marcellin pour essayer de changer sa roue, moi je pars sur Villard, car la route des Ecouges est coupée. Occasion de repasser par les gorges de la Bourne, toujours aussi sauvages.

Visite de courtoisie chez des amis de mon père à Villard de Lans, à qui je dois une initiation au cyclo-tourisme, il y a 30 ans, dans le massif du Vercors. Ils sont très intrigués par le trike et passent tour à tour sur le siège mesh pour être pris en photo.

Le soir, j'ai rendez-vous chez Marc, à Moirans.  
Chez Marc, séance de bricolage pour installer la pointe carbone correctement sur le speculoos, en vue des championnats du Monde en Angleterre (Marc part le lendemain), et petite bouffe végétarienne, comme il est de coutume (mais SUPER bon, comme d'hab')

Mercredi, j'attaque le Col de la Placette (300 D+) en Chartreuse, arrivé en haut je cherche mon K Way : Pas de K Way! Je l'ai oublié chez Marc !
Je redescend à Moirans, je cherche partout, pas de K Way non plus. J'ai du le poser sur le vélo et le perdre en roulant. Du coup, je vais au D4 de St Egrève et je me rachète un KWay à 2 balles. Avec tout ça, j'ai perdu la matinée, du coup je fais l'impasse sur la Chartreuse et prends la Vallée de l'Isère, rive droite, entre Grenoble et Chambé. 

Les Marches, le col des prés, un camping à Aillon le Jeune. 
Très beau, les Bauges. Humide et froid, mais très beau..

Le soir, au camping, je me suis bagarré avec les chiens des campeurs pour les empêcher de venir bouffer dans ma gamelle. Des radios qu'on entend un peu trop : je suis tombé dans un camping de mimiles.
6h30, le bouquet, réveil au son des tronçonneuses ! Je me lève, plie tout le merdier trempé de rosée (à ce stade, ce n'est plus de la rosée...) et je pars avec mes chaussettes windstopper dans les sandales, la polaire, le KWay, le bonnet de marin sur la tête et en regrettant de ne pas avoir de gants.





Aux Gets, j'avise un magasin de vélos ouvert (on est le 15 août). J'achète deux paires de plaquettes de frein, et je descends sur Morzine. J'ai resseré le rattrapage de jeu au taquet, ça freine encore, mais j'économise... Belle descente sous la pluie, le trike, des fois, part un peu en luge...

Un dernier coup de cul pour atteindre « Le Rocher » (le départ du col de Jouxplane, je suis sûr que on dépasse le 15%), et j'arrive au chalet où m'attend l'Abeille : douche chaude, steack pommes de terre sautées avec un canon de rouge. elle est pas belle la vie ?

PS: aujourd'hui pas de photo, y f'sait pas un temps à sortir un appareil photo numérique...

Le lendemain, le soleil brille à nouveau. On en profite pour se faire un petit apéro (bien mérité) sur la terrasse.
L'après midi, j'irai faire un petit tour en haut du col de Jouxplane, à vide, histoire de ne pas trop rouiller..

Morzine a été atteint en 6 étapes (Rémuzat, Arvieux, Grenoble, Ailon le Jeune, Le Grand Bornand, Morzine).Je repars de Morzine le lendemain matin, direction le Sud, sous une pluie fine qui m'oblige au bout d'un moment à bâcher les sacoches et revêtir mon KWay.

La pluie durera jusqu'à Cluses.
Une petite frayeur dans la descente sur Tanninges. La route un peu grasse (et franchement humide), mes pneus dont les dessins sont devenus symboliques, ou un pilotage un peu trop nerveux ? Dans un virage, le trike est parti un peu en luge, tout doucement, sans freiner. Facile à rattraper, les pneus ont raccroché sans problème sur le bitume. Mais quand même, c'est comme à moto, il ne fait pas bon s'écarter de la trajectoire prévue initialement...

Le soleil se montre un peu après Cluses, mais les nuages sur les montagnes ne se dissipent pas...

Le Géant Blanc ne daigne pas se découvrir pour saluer mon passage....

Vallée de l'Arve: une vallée qui pue le gaz d'échappement. Pourtant on est dimanche, les camions ne roulent pas. Mais l'air est impregné. Cette odeur ne me quittera qu'au début de la montée de Combeloup.

Megève : cette fois, c'est le fric que ça pue. De grosses bagnoles de luxe partout, des gens qui me regardent comme si je débarquais d'une autre planète (à la réflexion, c'est un peu ça...).
Légère descente vers Flumet, et montée du col des Saisies. Assez moche, les Saisies. Un col assez haut (1600 m), mais sans relief aux alentours. Les remontées mécaniques ne remontent pas grand'chose, elles n'ont pratiquement pas de dénivelé...
Descente d'enfer sur Beaufort, des enfilades de légères courbes avec un fort pourcentage. Des lacets à la fin. Dommage ! il faut freiner sans arrêt (je n'aime pas freiner : freiner, c'est un peu gâcher...) je ne regrette pas d'avoir changé mes plaquettes. Je n'ai plus le même trike.
Ensuite, remontée vers Arêches, où je suis attendu par Odile, la copine du Franz. J'arrive vers 17 heures, comme prévu. Une étape d'une centaine de km, mais avec 2000m de D+.

Odile (et surtout ses enfants) me persuadent de passer demain par le Cormet de Roselend, Bourg St Maurice, plutôt que par Alberville. Ça me va, d'abord parce que je ne connais pas, ensuite parce que je ne suis pas (encore) à la bourre, que je n'ai pas encore vu le Mt Blanc comme il faut et qu'enfin la basse Tarentaise pue autant que la vallée de l'Arve (en particulier Alberville-Moutiers). Si tout se passe bien, je vais arriver par la haute Tarentaise, ça me rappellera des souvenirs de Championnats de France de Canoë....
Par contre, je ne sais pas si comme prévu j'aurais le temps de faire la Madeleine et un bout du Glandon. Maintenant qu'il fait beau, je suis moins pressé d'aller vers le sud...

Descente de chez Odile jusqu'a Arêches. Grosse rigolade : Odile et sa nièce Laura ont tour à tour conduit le trike, Laura, prudemment, Odile, à fond la caisse. J'avais un peu du mal à suivre, derrière, avec le vélo de course...

Acheté un kilo de Beaufort à la fromagerie ou Laura travaille pour les vacances (arrivée remarquée au boulot en trike), et ensuite montée du col du Pré.

Bien pentu, je me crame un peu en voulant montrer à un VTTiste comment ça monte, un trike... En haut, premier aperçu du Mt Blanc, là-bas, tout au bout de la route...

Juste après, c'est la descente sur le lac de Roselend... Les vaches, le Mt Blanc, le ciel bleu... La carte postale, quoi, difficile de ne pas craquer..

Ensuite, montée au Cormet de Roselend. Encore un peu de dénivelé.
Par contre, la descente sur Bourg St Maurice, de la balle ! des grandes enfilades, je ne touche pratiquement pas les freins jusqu'à une série de lacets...

A Bourg, je prends une piste cyclable jusqu'à Aime. Agréable surprise ! elle suit le parcours de descente des championnats de France de canoë. Combien de fois ai-je descendu l'Isère sur ce parcours ? des dizaines de fois, peut être une centaine (dont une fois de nuit...)

A l'époque, pour reconnaître à pied le parcours, on se tordait les chevilles dans un épouvantable chemin de pêcheurs qui longeait la rivière.
C'est un grand plaisir pour moi de suivre cette rivière si familière, parcourue en pratique "touriste" comme en compétition.

Intelligemment, des pancartes ont été placées aux endroits mythiques de la descente; « Machine à couper le jambon », «400 mètres de la ligne droite d'Aime », «les Moutons », «la Salle à manger, le Dessert »...
Le site a été aménagé, préservé, amélioré, mis en valeur. Pour une fois, je trouve que l'on n'a pas dénaturé ni l'espace, ni l'esprit de cet endroit, qui pour bien des canoïstes de l'époque, est chargé de souvenirs....
Ensuite, des plans galère pour rejoindre le pied de la montée du col de la Madeleine (Notre Dame de Briançon) sans emprunter la voie rapide interdite aux cycles. La signalisation n'est pas toujours évidente...










La Madeleine : le départ est assez monotone : ça monte, ça monte, et ça monte encore. En plus, pas grand'chose à voir durant une grande partie de la montée. Il n'y a guère que tout en haut qu'on voit devinez quoi ? Le Mont Blanc !
Je passe le Col à 19h30, je redescends sur St François Longchamp. Une épicerie est en train de fermer. Miracle! l'épicière retarde un peu la fermeture pour me permettre d'acheter une bouteille de Côtes du Rhône et quelques fruits... super repas, je squatte un espace près des terrains de tennis.

J'ai attendu que tout le monde soit rentré pour planter la tente... Ni vu ni connu, je repars demain àl'aube...

Personne ou presque, n'a fait attention à moi. Il faut dire que j'étais bien planqué. Juste un promeneur de chien matinal qui est passé près de la tente.
Il n'a pas fait trop froid, malgré l'altitude. Par contre, tout était humide le matin. Cette tente, finalement, ce n'est pas le top. 950 gr, ok, mais une fois humide, on arrive à 1,5 kg, je suis sûr.
Si c'était à refaire, j'en choisirai une à peine plus lourde, mais avec un vrai double toit.
Descente sur la Maurienne. Tout devient gris...
Je remonte en face sur le Glandon. Les bornes kilométriques sont grises, maculées de crasse, illisibles. Plus on monte, moins elles sont polluées...
Je préfère ce genre de col à celui de la Madeleine, question paysage. Là, on s'enfonce dans une vraie vallée, avec des villages. A la Madeleine, on commence par grimper en lacet depuis la Tarentaise, avant de touver véritablement un vallon. Et encore... La route est toujours accrochée à un versant, ne passe jamais dans le fond où le torrent ne laisse aucune place aux champs ou aux pâtures.

Les trois derniers kilomètres, "ça monte à peine raide", comme dirait mon pote Philippe. Je suis sur le 24/32, tout à gauche, il ne reste plus rien... Le dernier raidard fait un peu mal aux jambes, mais le cyber-trike passe sans problème.

Mon walkman ayant daigné vouloir fonctionner, aujourd'hui, j'ai fait la montée avec Billie Holliday dans les oreilles (Night and Day, Georgia, the man I love, etc...)
Les cyclistes du dimanches ont des réactions mitigées: certains me font des signes d'encouragement, beaucoup sont dédaigneux. Je ne fais pas partie de leur planète. Je m'en fiche, je vais me venger au Ventoux... Serge me prêtera le Métabike, je vais encore doubler du carbone...
Descente d'enfer. Je me félicite de passer le Glandon dans ce sens, car de l'autre côté ça a l'air encore plus raide.
Pompiers, gendarmes: un cycliste s'est planté en descendant, apparemment. Ça a l'air sérieux...

On devrait les interdire, ce vélos droits... Trop dangereux (non, j'rigole, ...quoique....).

Petite pointe à 70 dans une enfilade avec un fort pourcentage. Je n'utilise les freins que si je ne peux pas faire autrement (virage sans visibilité, lacet). Pas de problème donc de refroidissement des disques. le freinage est impeccable, je bloque les roues si je veux (pas conseillé).


Petite collation de l'autre coté du col: tomate, concombre, une bonne tranche de saucisson, deux poires et un bon petit café avec une gaufre (industrielle, la gaufre, mais bonne quand même)
Comme il y a du vent, le réchaud a été placé dans le sac de provisions, avec des cailloux à l'intérieur, sur les bords, pour obliger ceux-ci à se tenir droit.
Du coup, la cafetière gloglotte rapidement, et je me fais mes deux tasses sous les yeux incrédules des cyclos du dimanche qui grimpent le col avec leurs vélos super légers et super chers...

Plus bas, je traverse le barrage d'Allemond. Il est construit comme celui de Grand Maison situé plus haut dans la vallée, ou comme celui de Serre-Ponçon : un gros talus avec un noyau de béton. Il faut dire que la roche a l'air bien pourrie, genre mille-feuilles en schiste.
Du coup, la cafetière gloglotte rapidement, et je me fais mes deux tasses sous les yeux incrédules des cyclos du dimanche qui grimpent le col avec leurs vélos super légers et super chers...

En amont du barrage, des turbines, une ligne haute tension qui part de là. original, non ?

D'habitude, les turbines sont en aval. Une pancarte indique qu'en fait, on turbine l'eau d'un barrage situé 900m plus haut, pendant les heures de pointe, et que la nuit ( pour engloutir le surplus des centrales nucléaires, - ça, la pancarte ne le dit pas ), on repompe la flotte pour la remonter au barrage d'en haut.

J'ai beau méditer sur cette logique de rentabilité, je reste perplexe pendant quelques kilomètres encore ...

Fin de la descente, j'avais prévu de remonter en face, mais renseignements pris, pas de camping avant le col d'Ornon (+600m).
Je me la joue "fainéant", et je me plante dans un tout petit camping très calme à Rochetaillée, tout en bas dans la vallée, juste avant de retomber sur la nationale.

Au menu ce soir :  Avocat, steack, riz, Beaufort, pêches, avec cette fois-ci un petit côte du Rhône... Si l'envie me prend, après manger, j'irai traîner un peu vers la civilisation, à Bourg d'Oisans (mais j'en doute déjà en écrivant ces mots). En fait, j'ai surtout envie d'être peinard...

En fait d'aller faire le beau en ville, la soirée a été vite bouclée : orage, vent assez violent, et pluie pour finir. Par chance, la tente était plantée sous un assez gros sapin qui m'a abrité un bon bout de temps, et j'ai pu finir de manger relativement tranquillement.
Ensuite, j'ai fermé la tente et je suis allé dans la salle collective avec mon petit ordi, et je me suis connecté, histoire de lire les messages des copains, en particuliers de ceux qui étaient aux championnats du Monde de vélos couchés en Angleterre...

J'en ai profité également pour recharger la batterie de mon téléphone, que j'avais du couper dans la matinée par mesure d'économie...
Le matin, plus de pluie, mais des nuages bien bas. Du vent dans tous les sens, des nuages qui passent de droite à gauche et de gauche à droite, bref, le cirque...
Dans la longue ligne droite qui mène à La Paute (le pied du col d'Ornon), le soleil a fini par se montrer un peu plus...

Voilà un départ de col comme j'aime.
Pour moi, un col, c'est une porte entre deux vallées, ça a une histoire, une histoire de gens qui se sont déplacés, pour échanger, pour se marier...
Tous les Grands Cols ,ne sont finalement que des artifices réalisés durant les deux derniers siècles, pour faire passer une route coûte que coûte...
Ce ne sont pas des portes, mais plutôt des escaliers, qui ont contribué au développement du tourisme, mais n'ont pas forcément amélioré les conditions de vie des habitants authentiques ces vallées...
Et puis, ça ressemble à quelque chose, une route, comme ça, qui s'engage dans une vallée, non?

Un troupeau de sangliers dans la montée du col d'Ornon...
Un beau gros, qui farfouille allègrement dans les pâtures, se moque bien de mon appareil photo...

En haut du col d'Ornon, temps maussade. Jusqu'alors, j'étais monté torse nu, histoire de parfaire mon bronzage, mais là, j'ai arrêté de faire le malin. Tee-shirt, K-Way, j'ai même rgretté d'avoir rangé mon bonnet de laine de la SNSM tout au fond du sac étanche... Pratiquement inaccessible.

J'ai mis la torche devant et le feu arrière pour me signaler, et je suis descendu en espérant touver un peu plus de chaleur plus au sud...

Descente dans le Valbonnais, tout ça sans voir beaucoup le paysage, Dommage, la vallée est très sauvage, et méritait de se montrer davantage. Après une petite montée, la petite route rejoint la Nationale (route Napoléon) Un peu avant Corps, une boîte aux lettres originale...
Le trike est dans la bonne direction: plus que 200 km avant Marseille, indique la borne factice.
Mais je m'arrête avant..









Par contre, question température, ce n'est pas encore ça... 1300 m d'altitude, une fois le soleil couché, pas question de rester sans la veste polaire.
Je vais aller me faire à manger (il est 20h30), mettre un pantalon et des tennis avec des chaussettes à la place de mes tongs...

Au réveil – 8h30, le soleil tarde pour passer par dessus la montagne- tout est gris; de la brume partout; une coloration gris-bleue pour indiquer qu'il ferait certainement beau, mais quand ?
Au bout d'un moment, le soleil a quand même fini par se pointer.

Le temps qu'il disperse cette humidité, je ne raconte pas la caillante...En attendant, j'ai pris mon petit dej', plié la tente, rangé les affaires...
Quelques minutes plus tard, comme par magie, plus de trace de brume nulle part...
La lumière est exceptionnelle, l'air est infiniment pur, il fait beau, il fait chaud...

Col du Noyer altitude 1664 m...
Comme j'en avais une (de 1664) dans une sacoche, je n'ai pas pu résister...




Quelques km sur la route Napoléon... Pas terrible, je n'aime pas rouler sur les nationales, mais là, pas vraiment moyen de faire autrement.
A Corps, descente sur le lac du Sautet, mais avant, une petite faim sur le coup des 13 heures me fait occuper une aire de pique-nique. On ne se laisse pas abattre.
Salade de tomate et de concombre, avec une boîte de thon, beaufort, fruit, et un p'tit coup d'rouge (mais avec modération, parce qu'après, je reprends le guidon...)

Montée dans le Dévoluy:
Après le barrage du Sautet, deux lacets, un petit coup de cul, et la route devient une grande ligne droite, sur un plateau, avec au fond des murailles rocheuses.
Tout au bout, elle s'engage brusquement entre des parois d'un hauteur impressionnante.

J'aime bien ces photos; la route est belle, sinueuse, et appelle à s'aventurer dans ces gorges privées de soleil...

Après quelques kilomètres, à se démonter le cou de regarder en l'air, tellement les parois sont hautes autour de moi, j'arrive sur le plateau du Dévoluy.
Dans sa partie sud, il est encore vert, mais les montagnes semblent surgir violemment, comme si elles avaient poussé hier avec la pluie...

Arrivée à Saint Etienne en Dévoluy, après une petite montée au niveau des Étroits de la Soulaise (Via ferrata sympa qu'on avait fait en famille il y a quelque temps).

Ravitaillement à l'épicerie. L'épicière a la faconde et l'accent de la vallée, qui commence à chantonner; On est déjà dans le sud...
Camping de St Etienne: très bien, pas cher, douche, lessive, étendage, le quotidien du cyclo-campeur...



La route, telle que je l'aime, déserte, sinueuse, mystérieuse, comme une incitation au voyage..

De l'autre côté du Col du Noyer, ce n'est plus du tout le même paysage : des cultures bien proprettes, des parcelles bien découpées, et malheureusement déjà une certaine pollution visible...
Il y a quelques années, nous avions visité l'observatoire du Pic du Midi, et j'avais été frappé par une photo en noir et blanc, prise de l'observatoire, avant guerre, et sur laquelle on voyait nettement le Massif Central et la Chaîne des Puys. Le guide avait précisé que dorénavant, on ne pourrait plus refaire cette photo, à cause de la pollution.

Et ces simples photos d'amateur, pourra-t-on encore les prendre dans quelques années ?

Descente du Noyer côté St Bonnet: assez dangereuse, pas trop de parapets, et pas mal de gaz à certains endroits. 

En début d'après midi, j'arrive chez Alexis et Chris, où j'ai prévu de rester quelques heures.

Alexis est aquarelliste et a eu la gentillesse de faire une série de dessins de vélos couchés pour l'AFB (Association Française des Bentriders).




Il est parti en montagne avec des amis; en attendant son retour, Chris me fait visiter son exposition d'aquarelles et son atelier...
Je reste rêveur devant tant de talent...

L'essentiel de son travail pourrait s'intituler "Les Alpes en aquarelles". Ornithologue amateur, écologiste militant, il parcours les massifs alpins dans toute l'Europe...
Je veux m'avancer un peu, pour ne pas avoir à faire une trop grosse étape demain. Alexis m'accompagne à vélo sur la route du col de Manse, qui permet d'éviter le col Bayard et la nationale pestilentielle.

Alexis a dans sa bibliothèque une remarquable collection de récits de voyages, à pied, à vélo, en bateau, et un carnet d'adresses bien fourni : je repars avec une liste de noms de gens "qu'il faut absolument que je découvre" au dos d'un brouillon (au verso des esquisses de dessins de chouettes).

Et la plongée sur Gap, sur les coups de 19h... Remontée sur la route de Veynes. Pancarte "Camping à 3 km" sur la gauche. Je vais voir...
Petit lac, camping-bistrot-restau. Plan sympa ou attrape-blaireau? de toutes façons il est tard et j'ai envie d'une bonne douche chaude (eh oui, routard, mais de luxe...)

Tarif du camping: 7 euros. Honnête. Du coup, je me prends un menu (Buffet de crudités à volonté -ils n'ont pas trop fait de bénef  là-dessus- , andouilette de Troyes-frites et tarte tatin).


Vendredi 22: dernière étape et arrivée à Sault

La journée débute d'une manière sereine, apaisante, avec un petit lever de soleil sur le lac

Ça aurait été dommage de se lever une demie-heure plus tard, non ?



Finalement,je change mon itinéraire au dernier moment,et décide de passer par Sigoyer. Le "circuit des villages perchés" m'attire, et la suite du voyage confirmera que ce choix était bon.
Une petite photo du camping, vu de l'autre bout du lac "à la motte flottante".
La route reste sur une ligne de niveau, à 1000 m d'altitude, en balcon par rapport à la vallée de la Durance, rive droite.

Succession de petits plats descendants, de petits plats montants, traversées de villages « perchés », de paysages paisibles, pâturages, vergers...

Et d'un seul coup, au passage du Col de Foureyssasse, c'est la plongée sur la vallée de la Durance. Enfin, presque, car une petite route à l'ouest permet de prolonger cette promenade dans les villages perchés, en passant par Vitrolles (eh, oui!) et Barcillonnette.
On rejoint ensuite une route de service, pas indiquée sur ma carte, et qui longe rive droite le canal EDF (rive droite, car il y a du courant dans ce canal...)
Le profil est pratiquement plat, on est quelquefois au dessus du canal, quelquefois en dessous, mais de quelques mètres seulement. Les kilomètres défilent, la chaîne est pratiquement tout le temps sur la « plaque ».
 
Toute cette région est plantée d'arbres fruitiers (pommiers, poiriers, pêchers et hybrides). La montagne de Ceüse, au fond...
Vers 11 heures, traversée de Laragne. Direction Lus-La-Croix-Haute pendant 5 kilomètres. Je quitte cette route assez fréquentée à Eyguians, direction Orpierre pour passer dans la vallée de la Méouge par le col St Jean

Depuis un moment, les nuages se faisaient plus denses... Finalement, le ciel devient bleu électrique et je commence à tout remballer dans les sacs, à sortir le K-Way.
Après Laborel, dans la montée du Col st Jean, la pluie commence de tomber, d'abord doucement, puis à seaux.
Rien à voir avec la pluie glaçante de Haute Savoie, lors du passage de la Colombière.
D'ailleurs ça ne dure pas, à peine une petite heure, le temps de monter le col, et ça s'éclaircit déjà.







La route est encore mouillée, mais déjà le ciel est nettoyé des nuages menaçants. C'est la magie du Sud, où les conditions météorologiques peuvent basculer d'un instant à l'autre.
La descente est sympathique, je fais attention car la route est encore humide et l'adhérence bien moindre que d'habitude -surtout au freinage-
En bas, à Eygalayes, le soleil est revenu. J'en profite pour casser une croûte sur un banc public, faire sécher mon maillot trempé, boire un bon petit café (ahhhh! le café...)


Montée tranquille vers Séderon, puis ascension du col de Macuègne (4% environ), et au départ du col de l'Homme Mort (encore plus plat), le Ventoux apparaît dans l'enfilade de la vallée qui descend sur Montbrun.
Petit arrêt au belvédère au dessus de Ferrassières.
Là bas, à une douzaine de km, Sault que je rejoins rapidement.

Mon périple est terminé.


Epilogue...

Regroupements de vélos couchés à Sault, balades sous le soleil du plateau d'Albion. Ce regroupement fait la transition entre la vie de « nomade » que je menais depuis quelques semaines, et celle qui m'attend, bien, sédentaire celle-là, à la rentrée de septembre...

Si je participe à la majorité des activités du groupe, je déserte parfois, attiré par le Ventoux qui devient mon terrain de jeu préféré.

Dimanche 24, Serge me prête le Métabike pour un petit chrono dans le Ventoux. Bédouin, ligne en pavé juste après le rond-point...Top chrono !
1 heure 30... et 33 secondes ! Je ne raconte pas les sarcasmes des copains par rapport aux 33 secondes...

Mercredi matin, montée groupée: au moins une trentaine de vélos couchés en haut du Ventoux.

Je monte Par Bédouin avec le trike carbone de Serge: 1 heure 52 minutes.

Après être redescendus par Sault, avoir mangé une assiette de pâtes, on décide de s'en refaire un petit, avec Serge.

Il prend le trike, et moi le fabuleux Python.

Montée par Sault, tranquille jusqu'aux chalets Reynard, un peu moins dans les rampes des derniers kilomètres, car Python ne supporte pas une vitesse inférieure à 8 km/h ...

La descente sera (nerveusement) plus fatigante que la montée...

Un Ventoux sans les mains... J'avais envie de le faire, galvanisé par la présence Ghislain, Grand Maître es Python, qui avait déjà fait une montée par Sault et une par Malaucène avec le Python II l'an passé.

Vendredi, on décide faire un chrono avec les Zockra.
Gérald prend le High-racer de Malric, Barbara me prête son Mid-racer. Julius le prépare en changeant le jeu de manivelles et en redressant un peu l'inclinaison du siège.
Séance photos dans les gorges de la Nesque. Echauffement jusqu'à Bédouin, déclenchement du chrono sur la ligne...

Le Zockra est fabuleux. J'ai presque les mêmes  sensations en montée qu'en descente. Lignes droites, virages, relances.
Les kilomètres s'enchaînent.
Passage aux chalets Reynard à 59 minutes, relance, c'est la dernière partie.
J'ai vraiment l'impression de voler. Les vélos droits semblent scotchés.

1 heure 24. J'ai tout donné. Je suis super content pour Malric (unique constructeur français ! )

Descente par Sault. Super tenue de route, bonne rigidité sans altérer le confort, lâcher de mains sans problème; un vélo exceptionnel...
Encore merci, Barbara....

Le lendemain, Barbara, à son tour, fait un chrono. Je l'accompagne en AGENDA, jusqu'à Bédouin.

En cours de route, on double un peloton de cyclos. Une nana qui double des mecs, tu penses ! Ça accélère dur derrière. Barbara aussi. J'ai vraiment du mal à suivre. Au bout d'un moment il n'y a plus qu'un cycliste qui me suce la roue en soufflant comme un phoque. Barbara est au moins 100 mètres devant...
Dans le rétro, je vois une camionnette qui se pointe. je me reprends un peu, accélère un bon coup juste avant de me faire dépasser et je prends l'aspi derrière la camionnette.
Le phoque explose, et je rejoins Barbara qui attendait...
N'empêche... pas trop de jambes, aujourd'hui.

Ça se confirmera dans le Ventoux où, contrairement à la veille, j'ai l'impression de subir la chaleur, les pentes, les kilomètres qui n'en finissent pas.

Pas de chrono, mais 1 heure 45 à peu près...


Les balades ont été surtout l'occasion de se retrouver, de discuter avec les copains qu'on avait pas vu depuis longtemps. Des paysages magnifiques, des sourires, du soleil, de l'amitié.
Pique-niques sous les platanes, partage des provisions emmenées dans les sacoches, petites routes que l'on découvre jour après jour...

Fin août, il n'y avait guère que nous dans l'immense camping municipal de Sault.

Des apéros chez Christophe, l'incroyable vélociste-brocanteur de Sault, la popote dans le coffre de la R19 (interdiction à cause des risques d'incendie de poser un réchaud à gaz directement au sol). Les jours se sont écoulés trop vite...

Samedi, les rangs se sont clairsemés. J'ai participé dimanche matin au nettoyage des tables et des chaises que la Municipalité de Sault avait mises à notre disposition, j'ai chargé le trike à l'arrière de la voiture et j'ai repris le chemin de Besançon.


Six semaines en compagnie de mon trike et de mes amis, je les ai vécues comme une période de mue.

Nouvelle vie, nouveau bonhomme - presque tout neuf - , des projets plein la tête, et la curieuse et agréable sensation de ne plus avoir d'âge...