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Cyclo-camping dans les Alpes françaises |
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Cette
page décrit succinctement mes vacances de l'été 2008, qui sont un peu
particulières - les premières prises seul depuis bien longtemps - et en
cyclo-camping.
Un peu avant la mi-juillet, le trike et le Python ont été chargés dans la bonne vieille R19, et en route vers Buis-les-Baronnies où nous nous sommes donnés rendez-vous, Mireille, Daniel, Serge et moi, pour reconnaître des parcours à vélo, en vue du rassemblement de v élos couchés, fin août.
Arrivé à Buis, je laisse ma R19 chez Serge et Christine, et charge le trike pour partir à Sault. Tente, couchage, vêtements, popote et un peu de nourriture. C'est parti ! En haut du col de Fontaube, petite halte pour essayer mes crayons tous neufs. Pas terrible... Mais je prends conscience que finalement, ce qui importe, ce n'est pas le résultat obtenu, mais le moment passé, l'attention qu'il a fallu consacrer pour arriver à ce résultat. Col
des Aires, descente sur Montbrun, où je fais des courses avant la
fermeture des magasins d'alimentation. Montée ensuite vers Aurel,
dans ces paysages que j'ai découverts et tant appréciés l'an
passé. Arrivée le soir après 20 heures à Sault. Installation au
camping municipal. Le
lendemain commencent les reconnaissances des parcours prévus pour le
Grand Rassemblement de vélos couchés de fin août à Sault. Montagne
de Lure, virées sur le Plateau d'Albion, quelques jours sympa de
partage avec les copains: Mireille, Serge et Daniel... Nous avons débordé sur la semaine d'Allègre... Tant
pis, nous arriverons en retard. Mireille ne veut pas venir. Daniel
part avec son fourgon aménagé et emmène mon matériel "lourd"
(une tente digne de ce nom et une paire de godasses). Lundi soir, Serge me ramène à Buis avec sa fourgonnette. Ça me fait gagner quelques km, et trois bonnes heures de route. Je pars vers 20h30 pour Allègre.
Déshabillage avant de remonter en face sur St Paulien, et arrivée à Allègre juste avant le départ des balades (pour moi, première balade en trike "à vide"). Je n'ai pas mis beaucoup de temps pour venir à Allègre, je suis assez fier de mon effet.... ... mais je ne recommencerai pas. Ce n'est pas ainsi que j'avais prévu ma flânerie... Pas ou peu de photos, pas vraiment pris le temps de m'arrêter, à part pour discuter avec un ancien dans un village où je cassais la croûte, en bas de la Vallée de l'Eyrieux, et qui, gentiment, est venu m'apporter de l'eau... Je fais la connaissance de Julius et Barbara. Julius est en train de reconstituer un tandem couché dos à dos extrait de sa camionnette. Il l'ont utilisé pour faire le Paris-Brest-Paris, l'an passé. Julius me propose la place arrière occupée d'habitude par Barbara. Comment refuser cette expérience?
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A la nuit tombante, halte au camping avant le défilé de Trente Pas. Le lendemain, je roule toute la journée pour ne pas arriver trop tard à Allègre : Col de la Sausse, Bourdeaux, Saou, Crest, la vallée de l'Heyrieux, St Agrève, le plateau ardéchois, succession de valonnements qui me rendent Le Puy inaccessible le soir même. Je m'arrêterai épuisé à Boussoulet, juste avant la grande descente sur le Puy. Planter la tente, faire chauffer un litre de soupe, avaler une tranche de pain et un peu de fromage, et au "lit" ! Le
lendemain, réveil de très bonne heure dans une ambiance humide et
froide. Je mets tout ce que je peux comme affaires chaudes sur moi,
et je descends au Puy.
Grosses frayeurs au début, mais on finit par se faire à rouler à près de 80 km/h en marche arrière dans les descentes... L'essentiel est la confiance qu'on accorde (ou pas!) au pilote... C'est parti pour une balade de 120 km, avec presque 2000m de D+
Une dernière balade au Pont du Diable, auquel on accède par une route avec une incroyable descente à 20% (et autant à la remontée ! ). Mais le soir, au retour de la balade, les participants au regroupement commencent à quitter peu à peu le camping d'Allègre. Il est temps de rejoindre ma destination suivante : Roquebrune-sur-Argens.
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Première étape: Allègre Crest (190 km) en passsant par le Gerbier de Joncs. Mon copain Pesca l'Ardéchois m'a conseillé cet itinéraire. Superbes paysages, mais j'ai écourté un peu ma promenade autour du Mezenc, car il faisait de l'orage, et je commençais un peu à me cailler (1400m d'altitude, quand même !) Un peu long, comme étape. Pas le temps de faire grand'chose le soir. La lessive, par exemple, est une des principales préoccupations du cyclo-campeur : comme on n'a pas une garde-robe très fournie, il faut veiller à toujours avoir une tenue propre pour faire du vélo... Seconde étape: Crest - Cereste, avec le passage du col de Murs. Très joli, le col de Murs, mais on n'en voit pas le bout... Heureusement, ce jour-là, le Mistral est avec moi et me permet de rouler à 40 km/h sur le plat, pratiquement sans toucher les pédales. Par la suite, je l'aurai légèrement de côté, et apprécierai particulièrement la stabilité du trike par vent latéral... A partir d'Apt, je suis une véloroute qui mène à Forcalquier. Les premiers kilomètres sont un peu difficiles, car le revêtement est très mauvais, mais un peu plus loin, un vrai billard! Brusquement, la véloroute bifurque et grimpe droit dans la montagne... Je l'emprunte malgré tout, monte un bon kilomètre, pour arriver sur une sympathique route, en balcon. Il est tard, et par chance, je passe devant un camping à la ferme.
Ce trajet est le premier vraiment à mon rythme, sans échéance, sans contrainte d'horaire ou d'étape, et j'apprécie l'intense sensation de liberté qu'il procure... Curieusement, je m'aperçois que depuis mon départ de Buis, je n'ai pas vraiment eu envie de faire des photos, comme si ce voyage n'avait d'importance que pour moi, comme s'il suffisait de n'en garder comme souvenirs que les sensations qu'il me procure... Quelques jours à Roquebrune, entrecoupés par un très agréable week end touristique en Ardèche (aller-retour en train), et je repars vers Arvieux, où m'attendent Bruno et Nicole. Départ de Roquebrune donc, un après midi vers 16 heures. La chaleur est encore éprouvante, et c'est donc assez lentement que je passe le premier col, en direction de Bagnols-en Forêt. Vient ensuite la montée sur Mons (très joli, Mons). Un petit tour en ville pour trouver une fontaine et "refaire" mes trois litres d'eau, et c'est reparti en direction de Castellane.
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A peine arrivé et installé, deux jeunes flamandes viennent me voir, intriguées par mon équipage... Elles sont venues avec d'autres cyclo-campeurs dans un car hollandais, qui les a déposées à Valence et qui les reprendra à Nice une quinzaine de jours plus tard... Elles n'ont aucune expérience du cyclo-camping, les années précédentes elles faisaient de la randonnée à pied en montagne, et cette année elles ont tenté le vélo... Echanges d'expériences et de chocolat, d'anecdotes et de café. Le lendemain matin, elles seront tout juste levées quand je passerai avec mon trike chargé, prêt à partir, devant leur tente... Bruno B. m'avait téléphoné quelques jours auparavant pour me signaler qu'il camperait à Moustiers-Sainte-Marie. Mon trajet vers la Méditerranée passera donc par là... Forcalquier, Oraison, remontée de la vallée de l'Asse jusqu'à Bras d'Asse. Pas un bled, une vallée presque déserte. On se croirait dans un film de Sergio Leone. C'est avec plaisir que j'attaque la montée vers Puimoisson. Bruno m'attendait au camping à Moustiers en début d'après midi. J'arrive pile pour le café (que je fournis in extremis grâce à ma petite cafetière italienne, juste avant qu'il ne sorte un Nes'... (Pouah !!!)
Seranon. Il est 22 heures, peut être est-ce temps de s'arrêter ? J'avais prévu d'aller jusqu'à Castellane, mais je n'ai pu vraiment rouler qu'à partir de 20 heures, la chaleur ayant diminué avec l'altitude et le soir tombant. En fait je suis un peu fatigué, je n'ai pas envie de voyager de nuit et passer à côté des paysages magnifiques de ce parcours.Le lendemain, je pars assez tôt, et je fais la descente sur Castellane. L'arrivée dans Castellane est assez pittoresque, par La Garde. Le col de Cheiron (+200m), et le lac de barrage de Castillon-Demandoix, que je longe du côté est. St Julien du Verdon, St André les Alpes, la remontée de la haute vallée du Verdon. Tranquille jusqu'à Colmars, puis débutent les choses sérieuses après Allos. Vendredi
matin, départ assez tôt, pour grimper le col de Vars à la
fraîche. Sur
les bornes kilométriques sont indiquées les pentes : 9%, 10%... de moyenne, ce qui donne des "coups
de cul" suffisamment conséquents pour m'obliger à mettre tout
à gauche (24-32 pour les puristes). La descente sur Guillestre se fait tranquillement, je me fais doubler par un cycliste (il a de la chance que je sois chargé, çui-là, sinon il aurait vu comment ça descend, un trike...) Nicole
m'appelle: "On t'attend pour manger, il ne te reste que 12 km".
Tiens ? c'est drôle, je l'ai déjà fait, ce trajet, à vélo, il me
semblait qu'il y en avait davantage... |
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l'embranchement de la route de l'Isoard, là où ça commence à monter vraiment. Je m'arrête pour casser la croûte, sinon, je ne pourrai pas monter les 6 derniers km. La dernière ligne droite entre Arvieux et La Chalp, (celle dans laquelle, la première fois qu'on la prend, on se demande si on n'est pas dégonflé ou s'il n'y a pas un frein qui frotte tellement on n'avance pas), se fera en utilisant le 24-32...
Balades en montagne, profusion de marmottes, trois jours de détente avec mes amis les plus chers... |
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Un rendez-vous à l'hôpital (scanner d'un poignet cassé fin mai) me contraint à reprendre la R19 pour faire un aller-retour à Besançon . Départ pour Buis. Bill et Bruno m'accompagnent en VTT jusqu'à Guillestre. Les
gorges du Guil, toujours aussi impressionnantes, me rappellent de
grosses frayeurs en canoë, il y a quelques années en arrière... A Saint Clément, la petite route rive gauche en corniche, mène directement à Embrun.. Col de Lebrault, descente sur Espinasse, et étape un peu après Tallard. Le trajet, en restant sur la rive gauche de la durance, évite la nationale et m'amène à Laragne-Montéglin. Après Laragne, les gorges de la Méouge, une sympathique rivière avec des vasques d'eau claire et à bonne température, où on a envie de faire trempette à chaque km... Pas pour moi. Il faudrait laisser le trike et tout son précieux chargement là-haut, sur la route en corniche, hors de vue. La Méouge devient un tout petit ruisseau, puis on passe une sorte de petit col. De l'autre côté, un autre ruisseau, l'Ouvèze, me conduit jusqu'à Buis les Baronnies. Juste avant Buis, une plage de galets, un barrage rudimentaire en pierres, une vasque où enfin je peux me rafraîchir avant d'aller retrouver Serge... La suite est anecdotique : un voyage en voiture pour rien jusqu'à Besançon, où le scanner est tombé en panne, et où une interne revêche me déclare guéri... C'est déjà ça ! Retour à Buis. Dimanche matin, Serge et moi, on décide d'aller se faire un petit Ventoux en passant par Bedouin. Métabike pour Serge, Agenda pour moi: j'ai passé la journée à le régler comme il faut pour l'adapter à ma taille. Temps idéal, montée par Bedoin assez rapide et descente par Malaucène (90.5 km/h au compteur de Serge).
Après
une petite demi-heure de descente, un super emplacement de
pique-nique au soleil! Pluie à 20h30. Pluie
toute la nuit. |
![]() Mais ça fait un moment déjà que je n'ai pas pris la route... L'après midi, je pars. Comme d'habitude, par le Col d'Ey, Sainte Jalle; mais cette fois je remonte la vallée de l'Eygues jusqu'à Remuzat. Nuit au petit camping municipal, très sympa. Le lendemain, montée du col de Prémol, redescente sur la vallée de la Drôme, petit détour pour aller voir le saut de la Drôme : très impressionnant, une partie de la montagne qui a dégringolé au XIVe siècle, des cailloux gros comme des immeubles qui ont barré la vallée... un gros chaos. Le temps est devenu gris, je ne prends pas de photo, ça ne rendrait pas bien... Orage à Die. Par chance j'arrive à temps pour m'abriter dans un supermarché. Un abri pour caddies (vide de caddies) me permet de casser la croûte au sec. Je me fais même un petit café (la cafetière, quelle bonne idée !).. Enfin la pluie cesse et je repars sur le col de Rousset A quelques km de Die, plein de vautours fauves dans le ciel (quand je dis plein, c'est 20, ou 30). Réintroduits en 1996, disent les panneaux d'information plantés au bord de la route. Dans
le col, un cyclo me rattrape: chargé léger, mais quand même.. 72
ans, une pêche d'enfer, il habite Entrechaux et il va dans le Jura
en 3 étapes. Manque de pot, il casse le moyeu (un rayon qui arrache
le flasque). On répare tant bien que mal, la roue est « en
huit », j'évite de rester derrière, ça me file le mal de
mer... Le ciel est menaçant. On annonce du très mauvais temps. J'hésite à aller au camping, et je me laisse tenter par le gîte. Je ne regretterai pas : dans la nuit il pleut des trombes. Le soir,
coquelet et gratin dauphinois (mi lait, mi crème), 31 euros pour le
repas du soir, la nuitée et le petit déjeuner (copieux). Rien à
dire. Très bien. Visite
de courtoisie chez des amis de mon père à Villard de
Lans, à qui je dois une initiation au cyclo-tourisme, il y
a 30 ans, dans
le massif du Vercors. Ils sont très intrigués par le
trike et
passent tour à tour sur le siège mesh pour être
pris en photo. Le
soir, j'ai rendez-vous chez Marc, à Moirans. Mercredi,
j'attaque le Col de la Placette (300 D+) en Chartreuse, arrivé en
haut je cherche mon K Way : Pas de K Way! Je l'ai oublié chez Marc
! Les Marches, le col des prés, un camping à
Aillon le Jeune. Le
soir, au camping, je me suis bagarré avec les chiens des campeurs
pour les empêcher de venir bouffer dans ma gamelle. Des radios qu'on
entend un peu trop : je suis tombé dans un camping de mimiles.
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Aux Gets, j'avise un magasin de vélos ouvert (on est le 15 août). J'achète deux paires de plaquettes de frein, et je descends sur Morzine. J'ai resseré le rattrapage de jeu au taquet, ça freine encore, mais j'économise... Belle descente sous la pluie, le trike, des fois, part un peu en luge... Un
dernier coup de cul pour atteindre « Le Rocher » (le
départ du col de Jouxplane, je suis sûr que on dépasse le 15%), et
j'arrive au chalet où m'attend l'Abeille : douche chaude, steack
pommes de terre sautées avec un canon de rouge. elle est pas belle
la vie ? Morzine
a été atteint en 6 étapes (Rémuzat, Arvieux, Grenoble, Ailon le
Jeune, Le Grand Bornand, Morzine).Je
repars de Morzine le lendemain matin, direction le Sud, sous une
pluie fine qui m'oblige au bout d'un moment à bâcher les sacoches
et revêtir mon KWay. La pluie durera jusqu'à Cluses.
Le
soleil se montre un peu après Cluses, mais les nuages sur les
montagnes ne se dissipent pas...
Le Géant Blanc ne daigne pas se découvrir pour saluer mon passage.... |
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Vallée de l'Arve: une vallée qui pue le gaz d'échappement. Pourtant on est dimanche, les camions ne roulent pas. Mais l'air est impregné. Cette odeur ne me quittera qu'au début de la montée de Combeloup. Megève
: cette fois, c'est le fric que ça pue. De grosses bagnoles de luxe
partout, des gens qui me regardent comme si je débarquais d'une
autre planète (à la réflexion, c'est un peu ça...). Descente de chez Odile jusqu'a Arêches. Grosse rigolade : Odile et sa nièce Laura ont tour à tour conduit le trike, Laura, prudemment, Odile, à fond la caisse. J'avais un peu du mal à suivre, derrière, avec le vélo de course... Acheté un kilo de Beaufort à la fromagerie ou Laura travaille pour les vacances (arrivée remarquée au boulot en trike), et ensuite montée du col du Pré. Bien pentu, je me crame un peu en voulant montrer à un VTTiste comment ça monte, un trike... En haut, premier aperçu du Mt Blanc, là-bas, tout au bout de la route... Juste après, c'est la descente sur le lac de Roselend... Les vaches, le Mt Blanc, le ciel bleu... La carte postale, quoi, difficile de ne pas craquer..
Ensuite,
montée au Cormet de Roselend. Encore un peu de dénivelé. A
l'époque, pour reconnaître à pied le parcours, on se tordait les
chevilles dans un épouvantable chemin de pêcheurs qui longeait la
rivière. Intelligemment,
des pancartes ont été placées aux endroits mythiques de la
descente; « Machine à couper le jambon », «400 mètres
de la ligne droite d'Aime », «les Moutons », «la Salle
à manger, le Dessert »... ![]() |
![]() ![]() ![]() La
Madeleine : le départ est assez monotone : ça monte, ça
monte, et ça monte encore. En plus, pas grand'chose à voir durant
une grande partie de la montée. Il n'y a guère que tout en haut
qu'on voit devinez quoi ? Le Mont Blanc !
Je passe le Col à 19h30, je redescends sur St François Longchamp. Une épicerie est en train de fermer. Miracle! l'épicière retarde un peu la fermeture pour me permettre d'acheter une bouteille de Côtes du Rhône et quelques fruits... super repas, je squatte un espace près des terrains de tennis. J'ai attendu que tout le monde soit rentré pour planter la tente... Ni vu ni connu, je repars demain àl'aube... Personne ou presque, n'a fait attention à moi. Il faut dire que j'étais bien planqué. Juste un promeneur de chien matinal qui est passé près de la tente.Il n'a pas fait trop froid, malgré l'altitude. Par contre, tout était humide le matin. Cette tente, finalement, ce n'est pas le top. 950 gr, ok, mais une fois humide, on arrive à 1,5 kg, je suis sûr. Si c'était à refaire, j'en choisirai une à peine plus lourde, mais avec un vrai double toit. Descente sur la Maurienne. Tout devient gris... |
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Je remonte en face sur le Glandon.
Les bornes kilométriques sont grises, maculées de crasse,
illisibles. Plus on monte, moins elles sont polluées... Je préfère ce genre de col à celui de la Madeleine, question paysage. Là, on s'enfonce dans une vraie vallée, avec des villages. A la Madeleine, on commence par grimper en lacet depuis la Tarentaise, avant de touver véritablement un vallon. Et encore... La route est toujours accrochée à un versant, ne passe jamais dans le fond où le torrent ne laisse aucune place aux champs ou aux pâtures. |
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Les trois derniers kilomètres, "ça monte à peine raide", comme dirait mon pote Philippe. Je suis sur le 24/32, tout à gauche, il ne reste plus rien... Le dernier raidard fait un peu mal aux jambes, mais le cyber-trike passe sans problème. Mon walkman ayant daigné vouloir fonctionner, aujourd'hui, j'ai fait la montée avec Billie Holliday dans les oreilles (Night and Day, Georgia, the man I love, etc...) Les cyclistes du dimanches ont des réactions mitigées: certains me font des signes d'encouragement, beaucoup sont dédaigneux. Je ne fais pas partie de leur planète. Je m'en fiche, je vais me venger au Ventoux... Serge me prêtera le Métabike, je vais encore doubler du carbone... Descente d'enfer. Je me félicite de passer le Glandon dans ce sens, car de l'autre côté ça a l'air encore plus raide. Pompiers, gendarmes: un cycliste s'est planté en descendant, apparemment. Ça a l'air sérieux... On devrait les interdire, ce vélos droits... Trop dangereux (non, j'rigole, ...quoique....). Petite pointe à 70 dans une enfilade avec un fort pourcentage. Je n'utilise les freins que si je ne peux pas faire autrement (virage sans visibilité, lacet). Pas de problème donc de refroidissement des disques. le freinage est impeccable, je bloque les roues si je veux (pas conseillé). Petite collation de l'autre coté du col: tomate, concombre, une bonne tranche de saucisson, deux poires et un bon petit café avec une gaufre (industrielle, la gaufre, mais bonne quand même) Comme il y a du vent, le réchaud a été placé dans le sac de provisions, avec des cailloux à l'intérieur, sur les bords, pour obliger ceux-ci à se tenir droit. Du coup, la cafetière gloglotte rapidement, et je me fais mes deux tasses sous les yeux incrédules des cyclos du dimanche qui grimpent le col avec leurs vélos super légers et super chers... |
Plus
bas, je traverse le barrage d'Allemond. Il est construit comme celui
de Grand Maison situé plus haut dans la vallée, ou comme celui de
Serre-Ponçon : un gros talus avec un noyau de béton. Il faut dire
que la roche a l'air bien pourrie, genre mille-feuilles en schiste. En
amont du barrage, des turbines, une ligne haute tension qui part de
là. original, non ? |
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Fin
de la descente, j'avais prévu de remonter en face, mais
renseignements pris, pas de camping avant le col d'Ornon (+600m). Je me la joue "fainéant", et je me plante dans un tout petit camping très calme à Rochetaillée, tout en bas dans la vallée, juste avant de retomber sur la nationale. |
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Au menu ce soir : Avocat, steack, riz, Beaufort, pêches, avec cette fois-ci un petit côte du Rhône... Si l'envie me prend, après manger, j'irai traîner un peu vers la civilisation, à Bourg d'Oisans (mais j'en doute déjà en écrivant ces mots). En fait, j'ai surtout envie d'être peinard... En
fait d'aller faire le beau en ville, la soirée a été vite bouclée
: orage, vent assez violent, et pluie pour finir. Par chance, la
tente était plantée sous un assez gros sapin qui m'a abrité un bon
bout de temps, et j'ai pu finir de manger relativement
tranquillement. J'en
ai profité également pour recharger la batterie de mon téléphone,
que j'avais du couper dans la matinée par mesure d'économie... Voilà
un départ de col comme j'aime. Un
troupeau de sangliers dans la montée du col d'Ornon... En
haut du col d'Ornon, temps maussade. Jusqu'alors, j'étais monté
torse nu, histoire de parfaire mon bronzage, mais là, j'ai arrêté
de faire le malin. Tee-shirt, K-Way, j'ai même rgretté d'avoir
rangé mon bonnet de laine de la SNSM tout au fond du sac étanche...
Pratiquement inaccessible. Descente
dans le Valbonnais, tout ça sans voir beaucoup le paysage, Dommage,
la vallée est très sauvage, et méritait de se montrer davantage.
Après une petite montée, la petite route rejoint la Nationale
(route Napoléon) Un peu avant Corps, une boîte aux lettres
originale... |
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Au
réveil – 8h30, le soleil tarde pour passer par dessus la montagne-
tout est gris; de la brume partout; une coloration gris-bleue pour
indiquer qu'il ferait certainement beau, mais quand ? Le
temps qu'il disperse cette humidité, je ne raconte pas la
caillante...En attendant, j'ai pris mon petit dej', plié la tente,
rangé les affaires... Col
du Noyer altitude 1664 m...
![]() |
Quelques
km sur la route Napoléon... Pas terrible, je n'aime pas rouler sur
les nationales, mais là, pas vraiment moyen de faire autrement. A Corps, descente sur le lac du Sautet, mais avant, une petite faim sur le coup des 13 heures me fait occuper une aire de pique-nique. On ne se laisse pas abattre. Salade de tomate et de concombre, avec une boîte de thon, beaufort, fruit, et un p'tit coup d'rouge (mais avec modération, parce qu'après, je reprends le guidon...)
Montée
dans le Dévoluy: J'aime bien ces photos; la route est belle, sinueuse, et appelle à s'aventurer dans ces gorges privées de soleil... Après
quelques kilomètres, à se démonter le cou de regarder en l'air,
tellement les parois sont hautes autour de moi, j'arrive sur le
plateau du Dévoluy. Arrivée
à Saint Etienne en Dévoluy, après une petite montée au niveau des
Étroits de la Soulaise (Via ferrata sympa qu'on avait fait en
famille il y a quelque temps). ![]() La route, telle que je l'aime, déserte, sinueuse, mystérieuse, comme une incitation au voyage.. De
l'autre côté du Col du Noyer, ce n'est plus du tout le même
paysage : des cultures bien proprettes, des parcelles bien découpées,
et malheureusement déjà une certaine pollution visible... Descente du Noyer côté St Bonnet: assez dangereuse, pas trop de parapets, et pas mal de gaz à certains endroits. En début d'après midi, j'arrive chez Alexis et Chris, où j'ai prévu de rester quelques heures.Alexis est aquarelliste et a eu la gentillesse de faire une série de dessins de vélos couchés pour l'AFB (Association Française des Bentriders).
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Il
est parti en montagne avec des amis; en attendant son retour, Chris
me fait visiter son exposition d'aquarelles et son atelier... L'essentiel de son travail
pourrait s'intituler "Les Alpes en aquarelles".
Ornithologue amateur, écologiste militant, il parcours les massifs
alpins dans toute l'Europe... Alexis a dans sa bibliothèque une remarquable collection de récits de voyages, à pied, à vélo, en bateau, et un carnet d'adresses bien fourni : je repars avec une liste de noms de gens "qu'il faut absolument que je découvre" au dos d'un brouillon (au verso des esquisses de dessins de chouettes). Et
la plongée sur Gap, sur les coups de 19h... Remontée sur la route
de Veynes. Pancarte "Camping à 3 km" sur la gauche. Je
vais voir... Tarif du camping: 7 euros. Honnête. Du coup, je me prends un menu (Buffet de crudités à volonté -ils n'ont pas trop fait de bénef là-dessus- , andouilette de Troyes-frites et tarte tatin). |
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Vendredi
22: dernière étape et arrivée à Sault Ça aurait été dommage de se lever une demie-heure plus tard, non ? |
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Finalement,je
change mon itinéraire au dernier moment,et décide de passer par
Sigoyer. Le "circuit des villages perchés" m'attire, et la
suite du voyage confirmera que ce choix était bon. Succession de petits plats descendants, de petits plats montants, traversées de villages « perchés », de paysages paisibles, pâturages, vergers... Et
d'un seul coup, au passage du Col de Foureyssasse, c'est la plongée
sur la vallée de la Durance. Enfin, presque, car une petite route à
l'ouest permet de prolonger cette promenade dans les villages
perchés, en passant par Vitrolles (eh, oui!) et Barcillonnette. Depuis
un moment, les nuages se faisaient plus denses... Finalement, le ciel
devient bleu électrique et je commence à tout remballer dans les
sacs, à sortir le K-Way. ![]() |
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La
route est encore mouillée, mais déjà le ciel est nettoyé des
nuages menaçants. C'est la magie du Sud, où les conditions
météorologiques peuvent basculer d'un instant à l'autre. |
Mon périple est terminé.
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Epilogue...
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